Brad Child meets La Section Rythmique: Exactly Like You, When I Grow Too Old To Dream, Poor Butterfly, Pennsylvania 6-5000, The Very Thought Of You, When My Dreamboat Comes Home, Stars Fell On Alabama, Slow Hot Wind, I’ll See You In My Dreams, Blue And Sentimental, The Five O’Clock Whistle, Linger Awhile, The Créon Sun Blues (Child). Brad Child (ts), Dave Blenkhorn (g), Sébastien Girardot (b), Guillaume Nouaux (dm), Créon, 12 juin 2017, durée: 1h12’35”.
Eh non! Les “spécialistes du jazz” n’ont pas réussi à exterminer tous les swingmen! Pour preuve ce blancement “lazy” dans “When My Dreamboat Comes Home”, stigmat du swing. Interprétation réhaussée par le jeu “méchant” (d’autre diront velu) du sax ténor et l’art de monter la tension du guitariste. Brad Child (né le 17 octobre 1965) a étudié au Sydney Conservarorium of Music. Cet Australien est sur la scène jazz de son pays depuis plus de 30 ans. Mais c’est au très fréquentable festival d’Ascona que j’ai découvert son existence. Brad joue au sein du Swing Rocket du trombone Dan Barnett (à ne pas confondre avec un autre Dan, Américain) dont la rythmique a soutenu en février 2018, Michel Pastre, Drew Davies et lui pour un International Tenor Sax Summit. Dans ce CD récent, l’accompagnement est prodigué par “LA” Section Rythmique, connue désormais sous l’abréviation LSR et qui est une garantie de réussite là où le jazz est concerné. Brad quant à lui s’inscrit dans la lignée des Texas Tenors (“Blue And Sentimental”), de Sam “The Man” Taylor (“Poor Butterfly”), Willis Jackson et quelques autres au gros son et au phrasé véhément. Le “Exactly Like You” pris sur tempo lent le démontre d’emblée. Arnett Cobb n’est pas loin. On peut penser aussi furtivement à Ben Webster dans “The Very Thought Of You”. L’expressivité prime donc chez Brad Child. Ecoutez l’exposé ténor/basse dans “When I Grow Too Old To Dream” (le développement véhément et growlé n’est pas sans faire penser aussi à l’altiste Earl Bostic). Dave Blenkhorn, dans l’esprit de Wes Montgomery, y déploie un beau sens du swing. C’est la couleur bluesy que Dave met en avant dans l’excellent “Pennsylvania 6-5000” où dans son solo, il est bien poussé par Guillaume Nouaux, et où Sébastien Girardot offre un très bon solo. Sur des tempos plus vifs, “Slow Hot Wind” et “’ll See You In My Dreams” (solo de Guillaume Nouaux) font partie des très bons moments du CD. Le swing y est de rigueur avec LSR au top! “The Five O’Clock Whiste” balance bien et Sébastien Girardot y prend un solo concis et efficace (beau son de contrebasse!). Guillaume Nouaux est magistral dans “Linger Awhile” (introduction, accompagnement et solo). Le programme du CD se termine dans le blues lent low down à souhait. Ce disque n’est pas pour ceux qui déteste le blues+swing, c’est à dire le jazz de tradition. Les autres… revivent, pensant sans doute que ça n’existait plus.
Michel “Bunk” Laplace, 21 février 2018